Le lendemain, on se rend sur l’une des trois tombes de Robert Johnson à quelques centaines de mètres de notre maison, c’est un cimetière presque abandonné, une petite église blanche à côté. Il semble que cette tombe soit la bonne, car d’autres membres de la famille Johnson y sont enterrés. On y rencontre deux gars, l’un prend des photos, l’autre nous explique qu’il peint ensuite des tableaux, on discute et finalement, nous achetons son bouquin « Delta Dremin » (Gary Walters), on le trouvera d’ailleurs en vente dans différents endroits et musées.
Nous adorons ces rencontres imprévues, ces gens qui, souvent, viennent vers nous avec la phrase magique « Where you com from ? » alors on dit Paris, et puis on explique rapidement notre voyage et notre amour du blues, du Mississippi, de l’Amérique en fait !
Et souvent on apprend des tas de choses sur le pays, la ville, la rue où nous sommes.
Finalement ce sont ces rencontres qui donnent la vie aux paysages, aux sons….
On passe devant la radio locale, mais personne n’est dans le local, alors on visite le musée de la ville.
Comme déjà souligné on retrouve les mêmes thèmes et ici en plus la guerre de sécession, beaucoup de batailles se sont déroulées dans la région, et il semble que cette guerre fratricide soit restée fortement ancrée dans l’inconscient des mémoires.
C’est vrai que, comme de bons occidentaux descendants de la Révolution Française et de le Patrie des Droits de l’Homme, nous avons une image manichéenne du conflit « les bons nordistes et « les méchants sudistes esclavagistes » mais bien sur ce n’est pas aussi simple et limpide. Au-delà de la question (fondamentale) de l’esclavage, c’était aussi deux modes de vie qui s’opposaient, le nord riche et industriel et le sud pauvre et rural.
Et cette ruralité, cette misère existent encore aujourd’hui dans l’Amérique d’Obama et particulièrement dans cet état, un des plus pauvres.
Passionnant en tout cas.
Direction Leland et le Higway 61 Museum qui est fermé quand nous arrivons, le gars est parti déjeuner.
Nous faisons de même, dans un petit snack, installé à l’adresse d’un lieu historique du blues disparu.
Et un juke joint en ruines, un !
On discute, et finalement on achète deux CD des musiciens qui sont là, du coup on nous offre les repas.
Le musée Higway est consacré aux artistes de la ville et de la proche région et c’est vraiment réussi. Je note quelques noms, Eden Brent, Billy Marquis (si quelqu’un a ou peut me trouver un de ces CD ….) Johnny Winter a laissé son nom sur la porte d’un club, et il a aussi son panneau dans la ville. On remarque d’ailleurs que l’albinos est particulièrement mis en valeur et respecté par la communauté blues. Nous discutons avec le gars du musée, je lui parle de Billy Marquis, et demande où trouver les CD, mais le magasin de disques le plus proche est à Clarksdale, sinon…Memphis. Terrible que sur la terre du blues il n’existe plus de traces musicales.
Et toujours des fresques murales..
L'envers du décor
Tentative de trouver la tombe de Charley Patton, mais après vingt miles, on renonce, enfin je renonce car Catherine y passerait la journée.
Retour sur Greenwood avec un arrêt à Moorhead puis le Yellow Dog Café complètement écroulé et le croisement des lignes de chemin de fer chanté par W.C. Handy mais il faut vraiment deviner, puis Itta Bena où il ne reste rien et Greenwood, petit tour dans la ville, toujours aussi déserte.
On rentre dans notre repaire…après avoir acheter des Donuts, Amrican Way Of Life oblige.
C'est mérité non ?