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VOYAGE VOYAGE - Page 26

  • Jour 6 EBEZENER / BENTONIA

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    Cette journée est à marquer d’une pierre blanche ! Après un petit arrêt à Water Valley pour le Casey Jones Railroad Museum fermé. Puis nous partons plein sud, direction Jackson, avec l’espoir de trouver enfin (après deux essais infructueux en 2014 et 2016) la tombe d’Elmore James. Dispositif lourd avec des indications de l’ami Black Jack, d’un plan trouvé sur Internet et les infos du précieux guide Blues Traveling de Steve Cheseborough.

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    Nous arrivons au panneau Ebenezer, en face se trouve une épicerie qui semble dater de la Grande Depression. Quand on demande si on peut y faire des photos la patronne nous regarde d’un air bovin, son mari nous dit OK.

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    Bref on reprend la route et quelques miles plus loin, enfin, la fameuse église, et la tombe du guitariste ! A proximité celle de Lonnie Pitchford

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    On repart et avant d’arriver à Jackson nous faisons un arrêt au Blue Front Cafe à Bentonia. Jimmy Duck Holmes est assis devant la porte et sirote sa Bud Light.

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    Nous rentrons dans le juke joint, il nous dit de signer le cahier puis comme je regarde un amoncellement de CD sur son comptoir il me dit c’est 2$. Je mets de l’ordre dans le stock j’en prends 4 et lui dit que nous sommes déjà venus, que nous l’avons écouté en 2016 à Clarksdale…Il nous répond qu’il joue ce soir à 18 heures. Tu parles on ne va pas louper cela.

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    Dans Farish Street

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    On bouscule notre programme, on file à Jackson, un petit tour dans Farish Street toujours en piteux état malgré le programme de réhabilitation affiché, qui a pris la  poussière. On pousse jusqu’au Heart of Queen, le juke joint est fermé mais une voisine nous dit qu’elle va contacter le gérant. Au bout d’une demi-heure ne voyant personne on repart, on a rendez-vous à Bentonia !

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    Jimmy nous accueille d’un simple « oh vous êtes revenu », jusqu’à 19 heures il ne se passe rien, puis on aperçoit des dames qui s’agitent dans une cuisine. Alors, McKinney Williams prend sa guitare et interprète quelques chansons tirés de son CD que nous achèterons, Jimmy le rejoint et nous allons assister quasiment à un concert privé, nous sommes cinq dans le club… C’est magique, certainement un des moments les plus forts, les plus intenses de tout ce que j’ai pu voir et entendre de toute ma vie musicale.

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    Incroyable ce toucher, cette simplicité, cette force dans les mots, « Broke and hungry » « What I am » …. Ils feront plusieurs petits shows de trente minutes avec des pauses entre 19 et 23 heures, Jimmy interpelle son compère « Hey McKinney it’s for you », puis les serveuses, il se marre. On peut admirer sa façon particulière de jouer de pincer les cordes de sa main droite comme faisaient les vieux bluesmen…Et puis tout naturellement son épouse apporte sur une grande table, des plats de poissons et poulet frits, des pommes de terre des fruits, du thé glacé.

    Simplement nous sommes invités à manger !

    Chez Jimmy Duck Holmes !

    Dans le Blue Front Cafe !

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    Et à chaque pose Jimmy nous dit, vous ne partez pas on rejoue, de toute façon Jackson c’est à vingt minutes (un peu plus mais franchement on s’en moque). Des gens du coin vont et viennent et il nous présente à tout le monde. Certains passent juste chercher à manger. Vers 22 heures, un groupe de blancs de Jackson se pointe l’un connaît Jimmy, les autres ouvrent des yeux étonnés…Mais Jimmy lui il semble flotter dans un autre monde, sirote toujours des Bud Light passe par un petit garçon pour taper des cigarettes à Catherine (nous pensons qu’il essaie d’arrêter de fumer) et le plus incroyable est que on se sent presque de la famille (bon ce n’est pas toujours simple de comprendre ce qu’il dit).

    La soirée se termine à 23 heures, on va le revoir samedi à Clarksdale, il nous dit au revoir, refuse que nous lui payons quelque chose, (on a mis un TIP mais quand même).

    On rentre à Jackson la tête dans les étoiles, non ce n’est pas un rêve cela est bien arrivé !

     

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  • Jour 7 VICKSBURG/ GREENVILLE

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    Avant de quitter la capitale du Mississippi, nous visitons le Smith Robertson Museum, une école où a étudié Richard Wright, transformée en Musée.

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    Impressionnante la reconstitution de la soute des navires, où les noirs d’Afrique étaient entassés pour rejoindre le Nouveau Monde !

    Et aussi l’histoire des droits civiques à Jackson que nous avons découvert avec intérêt et le parcours de son leader Clyde Kennard, lui aussi assassiné en 1963.

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    La hauteur des crues du Mississippi

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    Direction une de nos étapes préférées du Mississippi, Vicksburg, où nous rencontrons dans sa galerie la peintre-photographe H.C. Porter. Cette artiste a peint à partir de ses clichés photos de nombreux artistes de blues et nous avions beaucoup apprécié son exposition en 2014 à l’université d’Oxford. Elle est charmante, pétillante, nous choisissons une reproduction de Jimmy Duck Holmes devant son Blue Front Cafe et repasserons lundi le temps qu’elle effectue le tirage.

    Incontournable, la fresque sur la levée du Mississippi, la gare, et sur le fleuve, nous assistons au départ d’un bateau de croisière avec sa roue à aube. Vision de carte postale, oui Vicksburg est une superbe ville.

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    On a encore largement dépassé l’heure du déjeuner, ce sera des donuts, avant de se diriger vers Greenville via Hollandale histoire de vérifier l’état de délabrement des sites de blues. Hélas cela ne s’arrange pas vraiment !

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    Greenville a très mauvaise réputation, et, en effet, on remarque que beaucoup de voitures sont en mauvais état, par contre pas de sentiment d’insécurité dans les rues.

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    On passe devant la maison d’Eden Brent, on parcourt Nelson Street puis on retourne faire un petit coucou à notre cher Mississippi, avant que je ne sois sauvagement attaqué par des fourmis rouges. Méchantes les bestioles ! Elles piquent et leur morsure laisse une trace rouge plusieurs jours….Avant de rejoindre notre hôtel à Cleveland, nous passons par Leland, et constatons que la ville se dégrade depuis notre dernier passage.

    Nous dînons dans un restaurant proche de l’hôtel où nous attendons bien trop longtemps un hamburger trop cuit.

  • Jour 8 JUKE JOINT FESTIVAL CLARKSDALE

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    Tous les hébergements à, et, autour de Clarksdale sont réservés aux musiciens depuis des mois, aussi nous sommes logés à Cleveland distante d'environ 40 miles de la capitale du blues du delta. Quand nous partons le matin, il fait un peu frais et la pluie est tombée dans la nuit. Néanmoins nous sommes habillés très léger, mais le temps vire rapidement à la pluie et au vent.

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    On retrouve avec un immense plaisir la ville dans ses habits de fête, et on démarre la journée sous le crachin avec Lightin’ Malcom, devant le cinéma Roxy qui présente son nouvel album, Outlaw Justice. Il joue en solo et propose un bon show en s’accompagnant à la guitare et à la batterie.

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    Ensuite Cedell Davis, toujours présent, mais très diminué dans son fauteuil roulant. Avec son groupe il nous propose un set poignant, intense. Nous évoquons la Maison du Blues avec Bip Papa Binns le directeur musical du groupe qui prévoit une tournée en Europe en 2018….

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    Et on retrouve Jimmy » Duck Holmes devant le Wade Walton Barber Shop pour un superbe show, moins intimiste certes qu'à Bentonia, mais toujours aussi merveilleux.

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    Une fan de Cedric en plein trip

    Encore un changement de lieu (on connaît le centre-ville par cœur) pour retrouver un autre de nos chouchous, Cedric Burnside et son guitariste Trenton Ayers. Un grand moment avec un Cedric percutant derrière ses fûts, le son des collines du nord, ce blues joué par son grand-père R.L. et qu’il continue de faire vivre.

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    Nouveau changement de lieu pour Dark Heap, mais franchement on est frigorifié. Aussi nous décidons, la mort dans l’âme, de retourner nous habiller plus chaudement à l’hôtel, ratant aussi Kern Pratt et la fin du show du joueur de ruines-babines.

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    Les Farmers sont venus en ville

    Nous prenons un café dans un établissement « hollandais » où toutes les serveuses sont habillées de robes chatoyantes, avec leurs longs cheveux attachés avec un truc bizarre…Hum cela sent la secte mormon.

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    Nous revenons pour la soirée et choisissons le show de Terry « Harmonica » Bean. Il est increvable Terry. Pendant plus de deux heures sans pause, il joue, ses compositions, et des classiques de John Lee Hooker, Muddy Waters..., explique que le vrai blues est né dans le delta même si certains sont partis à Chicago l’âme de cette musique reste ici. On approuve totalement ses propos…. Son harmonica, son phrasé, son jeu de guitare proche de celui de Jimmy Duck Holmes évoquent parfaitement la vie des noirs du delta, leur souffrance dans les champs, leur espoir noyé dans la mauvaise gnole.

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    Il est parti pour jouer toute la nuit, alors, on change d’endroit pour retrouver une autre figure, ex-routier, vétéran du Vietnam, ancien activiste socialiste, diplômé de journalisme et d'histoire, ce grand échelas de Watermelon Slim avec sa gueule pas possible à la Clint Eastwood? ses harmonicas, sa slide diabolique, sa voix si particulière. Il fait le show dans un junk-joint bondé, et c’est la meilleure façon d’aller jusqu’au bout de la nuit. En pleine forme, il harangue la foule, drague la serveuse, raconte des anecdotes…. En repartant, je m’échine à ouvrir une voiture …qui n’est pas la nôtre, garée trente mètres plus loin. L’effet du blues sur les âmes sensibles…. Dommage que tous les concerts de la soirée débute quasiment à la même heure, on a loupé Léo »Bud »Welch, Cedric Burnside, Lightnin Malcolm…

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  • Jour 9 CLARKSDALE

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    Le soleil et la chaleur sont revenus, nous faisons un tour dans Cleveland désert en ce dimanche matin, puis un pèlerinage au Po Monkey qui, lui aussi, se délabre peu à peu et a pris un « coup de vieux » depuis notre dernier passage.

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    Nous pique-niquons au bord de la petite rivière à Clarksdale avant de nous diriger vers le Shack Inn pour le concert de Lightnin Malcom et Cedric Burnside. Pas facile de prendre des photos avec la lumière du jour qui arrive de partout. Le show est superbe, les deux musiciens s’échangent leurs instruments, puis font venir des invités dans la seconde moitié du show. Lightnin passe nous saluer, et Cedric est ému quand Catherine lui montre la photo de la tombe de son grand-père. Encore un sacré grand moment ce concert…

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    Tutwiller

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    Le crépuscule arrive doucement sur la plaine du Mississippi, on rentre par le chemin du blues en revoyant avec plaisir Tutwiller, où un projet d’aménagement du site du blues est en préparation, puis la prison de Parcham Farm, et comment ne pas s’arrêter à Dockery où la musique de Charlie Patton résonne dans la nuit qui avance.

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    Que cette terre de blues si aride, si dure est d’une beauté saisissante, pure, c’est magique de revenir ici…..On pourrait prendre un compas et tracer un cercle de vingt kilomètres de diamètre du centre de Clarksdale, l’essentiel de l’histoire du blues du delta y est contenu.

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  • Jour 10 DURE JOURNEE

     

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    Dans Under the Hill

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    Le Mississippi à NATCHEZ

    Direction New Orleans où nous devons retrouver nos amis pour un concert de Danielle Nicole le soir au Den. Nous passons à Vicksburg pour récupérer notre gravure à la galerie d’H.C. Porter, puis reprenons la route en direction de Natchez. Et quand nous avons parcouru plus de la moitié du parcours, Catherine s’aperçoit qu’elle a oublié son sac dans l’hôtel à Cleveland. Demi-tour et, donc environ, 450 kms aller-retour. On avertit l’hôtel, les copains, et vers 15 heures nous récupérons le sac et repartons immédiatement. On fait néanmoins une halte à Natchez pour boire un verre à Under the Hill et admirer le coucher de soleil sur le pont qui enjambe le fleuve reliant le  Mississippi et le Louisiane.

    Nous arrivons à NOLA vers 23 heures un peu fatigué. Pas de concert (il est terminé) et dodo.